Friday, December 10, 2010

Grande misère de Montréal














 L’itinérance est une réalité sociale visible dans le paysage urbain de Montréal. Plusieurs arrondissements sont touchés et principalement les arrondissements situés au centre-ville. Le dernier recensement de Santé Québec portant sur le dénombrement de la population itinérante date de 1998. Le rapport faisait alors état de 28 214 personnes différentes ayant fréquenté un centre d’hébergement, une soupe populaire ou un centre de jour. De ce nombre, 12 666 personnes avaient été sans domicile fixe (SDF), c’est-à-dire sans logement permanent au cours de l’année précédant l’étude.


  Au niveau du revenu, toujours d’après l’enquête de Fournier, 42% des personnes en situation d’itinérance reçoivent de l’aide sociale et 29% ne bénéficient d’aucune source de revenu. Les femmes y étaient dénombrées dans une proportion de 23% à Montréal. On parle de près de 6500 femmes. La détresse psychologique, les problèmes de santé mentale et l’exposition à la violence marquent le quotidien de ces femmes.  L’errance urbaine est le lot de personnes vulnérables et fragilisées par la maladie mentale. La même étude indique que 70% des itinérants présentent au moins un trouble psychiatrique si on inclut les troubles reliés à l’usage des drogues et de l’alcool (80% pour les SDF).  Les pathologies psychiatriques graves (schizophrénie et troubles bipolaires) touchent près 35% de l’ensemble des itinérants et 40% des SDF. Par ailleurs, une enquête réalisée au Québec montre que 30% des SDF ont déjà été hospitalisés en psychiatrie avec en moyenne 4 hospitalisations. La durée de ces hospitalisations varie entre 4 à 6 mois. Selon Dubreuc, cette donnée confirme la sévérité et la chronicité des troubles psychiatriques présentés par près de 3 itinérants sur 10. Enfin, le cumul de deux ou trois diagnostics  et l’association à la toxicomanie, complexifient davantage le parcours.  



Il existe une corrélation claire entre la santé mentale et l'itinérance. Par ailleurs, divers déterminants individuels, sociaux, culturels, physiques et socio-économiques exercent une influence sur la santé mentale. Le coût du logement et ce, particulièrement dans le centre-ville, le manque de logement social à 25% du revenu, les difficultés de s’inscrire dans un marché de l’emploi exigeant toujours plus de qualifications, la rupture des liens significatifs et enfin l’isolement augmentent les risques de très grande précarité et contribuent à précipiter les personnes vers l’itinérance. 



Les sans-abri ont de la difficulté à obtenir des soins de santé

Selon une étude récente effectuée par l’hôpital St. Michael’s, à Toronto, de nombreux obstacles empêchent les sans-abri d’obtenir des services de santé au Canada. D’après les sans-abri, certaines priorités – trouver un logement, de la nourriture et un emploi – passent avant les soins médicaux.

En outre, si la plupart des gens ont de la difficulté à trouver un médecin de famille, c’est encore plus difficile pour les sans-abri, notamment lorsque leur carte d’assurance maladie a été perdue ou volée, comme le mentionnent plusieurs participants à l’étude.
Même dans les cas où un sans-abri a un médecin de famille, les frais relatifs au transport peuvent l’empêcher de se rendre à un rendez-vous. L’étude signale également que certains sans-abri ont vécu des expériences désagréables auprès de professionnels de la santé, qui leur ont donné l’impression d’être importuns et rejetés. Par conséquent, une personne qui a vécu une mauvaise expérience hésitera à demander des soins de santé, même si elle en a besoin.

Devrions-nous offrir un système de soins particulier en plus de notre système public, à l’intention de ceux qui sont particulièrement démunis? Oui, répond le Groupe Humanitaire Montréal.



Un premier plan d’action en itinérance pour le Québec
Le Plan d’action interministériel en itinérance du gouvernement du Québec a été lancé aujourd’hui, à la Mission Old Brewery de Montréal, par la ministre déléguée aux Services sociaux, madame Lise Thériault, et la ministre de la Justice, madame Kathleen Weil.
Ce plan répond concrètement à plusieurs préoccupations exprimées par les divers groupes de la société civile. Il propose aussi plusieurs leviers quant aux besoins des hommes et des femmes qui vivent une situation d’itinérance. Les mesures du plan d’action découlent de plusieurs consultations et de la collaboration de dix ministères et organismes gouvernementaux.
Echelonné sur trois ans, le Plan d’action repose sur cinq grandes priorités :
  • renforcer la prévention de l’itinérance ;
  • favoriser la stabilité résidentielle ;
  • améliorer, adapter et coordonner l’intervention auprès des personnes itinérantes ;
  • favoriser une cohabitation tolérante et sécuritaire dans les lieux publics ;
  • accroître la recherche.

«Un budget de près de 14 millions a été prévu pour la mise en place de ces actions sur 3 ans. De plus, le Ministère de l’Emploi et la Solidarité sociale (MESS) viendra bonifier notre plan d’action à l’intérieur du nouveau Plan de lutte à la pauvreté et l’exclusion sociale. Par ailleurs, la Société d’habitation du Québec (SHQ) réservera 300 unités de logements dans sa nouvelle programmation ACCES-LOGIS. Avec le supplément au loyer, c’est un montant totalisant 60,5M$ qui sera investi auprès de la clientèle itinérante ou à risque de le devenir», a affirmé la ministre Thériault,

Selon le Groupe Humanitaire Montréal, ces sommes sont dérisoires et non accolées à la réalité même de la problématique. Le directeur M. Stéphane Marceau du groupe humanitaire suggère fortement aux autorités et au agglomérations de retourner sur  les bancs refaire leur devoir. La dure réalité consiste à trouver un lit pour les sans abri qui dorment sur des bancs de parc. C’est la première étape pour sortir les gens du cycle de l’itinérance et de la pauvreté. Cependant, d’autres mesures sont nécessaires pour les aider à passer du banc de parc au logement autonome. Cela devient primordiale quand  l’objectif minimal non atteint est d’aiguiller les gens vers des ressources susceptibles de les aider à sortir des refuges et à trouver un logement. La pauvreté ne devrait pas être une condamnation à vie. Le Groupe Humanitaire Montréal ajoute qu’il est important de s’assurer que les personnes qui vivent dans la rue ont un endroit où se réfugier.

D'autre  part,  pour résoudre le problème de l’itinérance, il faut d’abord offrir des logements abordables, mais également mettre en œuvre des mesures sociales pour aider les chômeurs, les toxicomanes et les personnes aux prises avec des troubles mentaux. Le Groupe Humanitaire Montréal exhortent le gouvernement fédéral et provinciale à élaborer une stratégie nationale en matière d’hébergement, qui donnera la priorité au problème de l’itinérance.




référence
http://ville.montreal.qc.ca