Sunday, December 12, 2010

Pourquoi c'est si facile pour certain de survivre ?









La résilience est un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l'événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression. La résilience serait rendue possible grâce à la réflexion, à la parole, et à l'encadrement médical d'une thérapie, d'une analyse.


La résilience est, à l'origine, un terme pour expliquer la résistance des matériaux aux chocs. Werner et Smith, deux psychologues scolaires américaines travaillaient avec des enfants à risque psychopathologique, condamnés à présenter des troubles. Elles les ont suivis pendant trente ans et ont noté qu'un certain nombre d'entre eux « s'en sortaient » grâce à des qualités individuelles ou des opportunités de l’environnement.puis de divers groupes d'individus, dont les enfants des orphelinats roumains et des enfants des rues boliviens. Auparavant, on parlait d'       « invulnérabilité ». Actuellement, des groupes de travail étendent le concept à d'autres situations difficiles comme, par exemple, celles que vivent les aidants des malades, et humanitaires. Les applications passent par le paradigme que la communication (théâtralisation par les aidants) est source de résilience des aidants et le concept est développé en France depuis le début des années 2000 (Jean-Pierre Polydor). Dans le domaine de l'assistance aux collectivités en cas de catastrophe (naturelle ou causée par l'homme) on parle également de communautés résilientes. La démarche d'assistance post-immédiate aux personnes touchées par un évènement critique a généralement une dimension  psychosociale.



La résilience serait le résultat de multiples processus qui viennent interrompre des trajectoires négatives. On parle également de « résilience bioéconomique ». Ce qui se voit et très apparent chez la  plupart des humanitaires.

Les huit processus

La résilience est dynamique, et, parmi les processus qui contribuent à la résilience, on a pu en repérer huit :
  1. La défense-protection ;
  2. l'équilibre face aux tensions ;
  3. l'engagement-défi ;
  4. la relance ;
  5. l'évaluation ;
  6. la signification-valuation ;
  7. la positivité de soi ;
  8. la création.

La résilience communautaire part du principe que de la même manière que l'individu est (à certaines conditions) capable d'une certaine résilience face aux aléas et à l'adversité, la communauté en est également capable, et que peut-être même la résilience individuelle est parfois dépendante d'une résilience collective.
L'Homme est un être social, plus ou moins autonome dans la société. On sait par l'étude des cas d'enfants sauvages ou maltraités combien le contexte social de l'enfance a de l'importance pour la structuration du cerveau immature du bébé puis de l'enfant et de l'adolescent.
Dans le domaine de la santé, la résilience du corps peut ne concerner qu'un unique individu, mais dans le domaine de la traumatologie déjà, les séquelles non organiques, dont psychologiques ou sociopsychologiques font intervenir l'autre. La résilience d'un couple, d'une famille concerne ses membres, mais aussi leur entourage et les générations à venir (les parents cherchant généralement à offrir à leurs enfants une situation meilleure que celle qu'ils ont connu, avec plus ou moins de bonheur dans l'atteinte de leurs objectifs, ou avec des effets collectifs imprévus).
Le concept de communauté résiliente est un concept de la fin du XXème siècle, développé notamment au Canada, qui a des origines pluridisciplinaires dans les champs du social, du politique, de l'étude des systèmes (analyse systémique), de la Psychologie, de la santé (ex : traitement de alcoolisme, addiction, d'autres drogues,ou encore de l'obésité, du SIDA, etc..), et de l'Écologiescientifique, en ce qu'ils contribuent tous à décrire et qualifier des processus vivants de restauration et de gestion collective de sortie decrise, de changements et/ou d'adaptations collective face à l'incertitude. Dans ces cas, la résilience peut-être une démarche consciente (active, volontaire), imposée par la nécessité, ou plus floue et inconsciente, mais néanmoins opérante.

L'importance du collectif

Les cellules d'un organisme, les coraux d'un massif corallien, comme les individus d'une entreprise en faillite, les membres d'une famille confrontées à la maladie,la mort, la pauvreté, ou les membres d'une société en crise (face à une guerre, une guerre civile, peuvent parfois spectaculairement s’adapter à la complexité en innovant, ou valorisant de nouvelles ressources pour réagir à une crise ou un changement rapide. Il semble que les vraies résiliences soient nécessairement collectives.
Les individus meurent ou migrent, mais leur société (au sens large) peut perdurer et globalement se restaurer après une crise.
Des chercheurs, des praticiens et des penseurs tentent donc de comprendre les processus en œuvre dans les communautés résilientes, dans la nature, comme dans les sociétés humaines, pour, par exemple, les appliquer à des groupes en difficultés (familles, entreprises, quartiers sinistrés, etc.), ou à des sorties de crise sociétales (après un génocide, un tsunami, ou pour anticiper les conséquences d'une pandémie de type grippe aviaire, etc. ).
Si le modèle occidental récent est très individualiste, la gestion communautaire des crises existe encore et était une tradition dans de nombreuses sociétés.

Champ d'action

C'est un concept qui intéresse particulièrement le développement durable ou soutenable, car il ajoute une dimension de viabilité durable aux solutions classiques aux crises, qui traitent souvent le symptôme et non la cause ou la capacité de l'organisme ou du groupe à se réparer ou à retrouver un équilibre. Dans ce domaine, une solution de type "décroissance soutenable" et conviviale n'est pas exclue si elle semble être la seule ou meilleure solution à court ou moyen terme à la viabilité écologique de la communauté qui est d'abord la première (mais non la seule) garantie de sa survie.


Les notions récente d'empreinte écologique et de compensation fonctionnelle entrent dans ce dernier champ, et peuvent prendre une dimension qui ne concerne plus seulement les sociétés, mais l'humanité et la planète (face aux changements globaux liés par exemple à la surexploitaton des océans et des sols, au réchauffement climatique ou au trou de la couche d'ozone, ou au risque pandémique, etc.
La notion de Communauté apprenante est souvent utilisée par les tenants de ces approches, de même dans le cas des entreprises que la notion d'amélioration continue.



Séquelle de guerre

L'expression « séquelles de guerre » désigne les impacts différés, aux échelles locales ou globales, dans l'espace ou dans le temps des actions de guerre. Cette notion diffère de celle de dommage de guerre qui ne couvre et concerne qu'une partie de ces séquelles.
Ces séquelles sont de natures variées mais on peut distinguer quatre grandes catégories.

Séquelles économiques
Elles ont été parmi les premières à faire l'objet d'évaluations, notamment après l'invention du PIB, mais sont en réalité difficiles à quantifier.
Les guerres semblent doper les économies mais si elles enrichissent les secteurs de l'armement et de la production utile aux armées, elles ruinent d'autres secteurs, accélèrent le recours aux ressources non renouvelables, et endettent durablement les États.
Les industries stratégiques, l'accès aux ressources énergétiques et les infrastructures font par ailleurs, quand elles ne peuvent être récupérées à l'ennemi, l'objet de destructions systématiques, souvent coûteuses et polluantes dont les coûts sociaux-environnementaux sont d'évaluation délicate et récente, sous l'impulsion de l'ONU et d'ONG notamment.

Séquelles médicales et socio-psychologiques

On peut distinguer des séquelles de court terme avec les effets de choc et divers troubles comportementaux de guerre observés par exemple dans les cuisines de 14-18 ou après la guerre de l'afganistan , des effets de moyen et court termes avec les séquelles médicales ou les traumatismes sociopsychologiques qui peuvent persister sur plusieurs générations, notamment après les vols, la chirurgie, les operations et autres formes d'avancement technologique, les déplacements de soldats et d'esclaves.
Depuis quelques décennies on évoque les intoxications à long ou très long terme, dues par exemple aux actions du plomb ou du mercure sur le cerveau (cf. par exemple Guerre 14-18, avec La zone rouge et en particulier les secteurs de la Meuse et de Verdun), ou encore aux effets délétères et mutagènes de l'ypérite ou encore des dioxines (cf. Usage de défoliants et de Napalm au Viêt Nam) ou de radionucléides (depuis la bombe atomique et l'usage d'uranium appauvri).
Les vrais coûts en termes de santé d'une guerre comme celle de 14-18 n'ont jamais été chiffrés ni estimés, et du point de vue du risque environnemental et sanitaire, les toxines non bio-dégradables ou très lentement dégradables (molécules organiques des armes chimiques) rejetés dans l'environnement l'ont été en telle quantité, que certains ont pu dire que la guerre 14-18 n'est pas finie.

Séquelles culturelles
Les guerres sont souvent accompagnées de volonté de destruction ou appropriation de monuments, de bibliothèques, et de lieux d'archives, de symboles culturels et religieux, cimetières, etc. Ces pertes sont souvent irrémédiables du point de vue de la culture écrite et de la mémoire collective d'une population.
Les déplacements de populations ou de phénomènes dits d'épuration ethnique, voire comme dans le cas de génocides (ou de l'holocauste) d'un objectif de disparition d'une population entière. Parmi les belligérants, les vainqueurs cherchent souvent à réécrire l'histoire à leur avantage. Dans ces cas des patrimoines culturels, historiques, linguistiques et de savoir et savoir-faire importants peuvent être annihilés.

Séquelles environnementales

e sont principalement les impacts plus ou moins durables, directs (actes de guerre) et indirects (accidents induits, non fonctionnement des systèmes d'épuration, de contrôle des pollutions, etc.), sur l'eau, l'air, les sols, les écosystèmes.
Un des problèmes moins connus, mais graves car souvent décalés dans le temps.. est celui de la pollution induite par les munitions (munitions « conventionnelles » ou « chimiques » non-explosées, perdues, stockées ou immergées).
Il est permis de penser que la dispersion en 1914-1918 dans l'environnement et notamment dans l'atmosphère de gigantesques quantités de plomb, mercure, arsenic et gaz de combat, associée aux difficiles conditions de vie, d'hygiène et d'alimentation ait aussi pu contribuer à une diminution de l'immunité et indirectement aux épidémies de Tuberculose, choléra et de grippe espagnole qui ont fait encore plus de morts que les combats eux-mêmes. Le plomb est aussi connu pour développer l'agressivité et affecter la fonction cognitive chez les victimes d'intoxication saturnine aiguë. Il semble que le mercure et d'autres métaux lourds puissent aussi développer des effets de ce type ou affecter certaines fonctions locomotrices et de l'attention ou de la mémoire. Ce phénomène pourrait-il rétrospectivement expliquer une part des syndromes développés par de nombreux soldats (parfois fusillés ou punis à tort pour des simulations qui n'en étaient peut-être pas) de la confusion et de la violence des guerres et crises qui ont agité l'Europe et le monde à cette époque ? Il ne semble pas y avoir de rendu public d'études faites sur ces thèmes.
Autre exemple de séquelle presque oubliée : le 9 mai 1918, dans la gare d'Attre (Belgique), une explosion a détruit une partie de 365 wagons chargés de munitions. 2/3 de ces munitions étaient des obus chimiques. Des obus ayant été projetés tout autour du lieu de l'explosion. il a fallu 8 mois, et jusqu’à 800 hommes, pour nettoyer le site. On sait par les archives que 114 870 munitions dont chimiques, et environ 14 000 fusées ont été ainsi récupérées et enfouies en six lieux différents (Schoen 1936). Ces munitions ont ensuite été éliminées par les services de déminage de 1950 à 1954 et en 2oo6, mais il ne semble pas y avoir eu d'études visant à vérifier l'absence de séquelles de pollution sur les anciens sites d’enfouissement.
Chacun de ces types de séquelles prend une importance croissante depuis la Première Guerre mondiale, avec le développement technologique et des capacités d'intervention militaire et notamment avec l'invention des armes chimiques, des armes bactériologiques ou de la bombe atomique ou encore par exemple avec l'usage de munitions à uranium appauvri.
Au Vietnam (de 1962 à 1970) ce sont 70 millions de litres de défoliant (agent orange fabriqué par Monsanto) ont détruit la forêt et sont soupçonnés dencore causer de nombreux cancers et de malformations congénitales.
Au Kosovo (en 1999) environ 550 sites industriels bombardés par l’Otan ont perdu dans l'environnement une grande quantité de produits chimiques et 80.000 tonnes de pétrole.
Les armes à uranium appauvri utilisées en Irak ou Europe de l'Est ont depuis 15 ans irradié de vastes territoires et un grand nombre de civils et militaires.
En 23 ans de guerre en Afghanistan, environ 95% des forêts ont été détruites, et dans ce pays comme en Afrique, les conflits ont fortement augmenté la pression de chasse de survie (viande de brousse en Afrique), de cultures illicites (drogue dont la vente à l'étranger finance les conflits), toujours au détriment de l'environnement et des populations locales. L'assistance humanitaire elle-même induit parfois des dégâts environnementaux, ainsi que les camps de réfugiés notait en 2008 Silja Halle, chargée de communication du service « Gestion post-conflit et désastre » créé par le PNUE en 1999. Par exemple, en 6 mois, ce sont 300 kilomètres carrés (km²) de forêt du parc national de Virunga qui ont été fortement dégradés par les soldats hutus et les réfugiés rwandais des camps autour de la ville de Goma (RDC).
L'instabilité politique est mise à profit par certains pour surexploiter certaines ressources de pays pays en guerre, ou par exemple les utiliser comme dépotoirs. Claude-Marie Vadrot cite par exemple la Somalie où « les côtes et les terres sont devenues le dépotoir mondial de déchets toxiques, ce qui permet à des navires affrétés par des sociétés écran de balancer des conteneurs sur les côtes ».
Les mines et sous-munitions et munitions non explosées continuent à tuer la faune sauvage et à empêcher la remise en culture des terres agricoles, par exemple au sud du Liban, reportant la pression agricole vers les milieux naturels épargnés qui sont alors défrichés ou surexploités.


La résilience


Après la fin des combats, sur les ruines et les sols bouleversés, « grâce » aux sols fragmentés et aux graines mises en lumière, les paysages reverdissent spontanément et rapidement. Ainsi, lors de la Première Guerre mondiale, dans le cas des zones agricoles et parfois urbaines, le « stade pionnier » était principalement caractérisé par trois plantes messicoles suivi d'une colonisation par des orties, ronces, buissons et arbres. Au stade « pionnier », dès les 3 ou 4 mois suivant les combats, les sols se recouvraient de champs parfois immenses et denses de bleuets, matricaires et coquelicots (effigie du Groupe Humanitaire Montréal en lien avec  la réslience), dont les couleurs (bleu, blanc, rouge) on impressionné car elles évoquaient le drapeau français rapelle le géographe JP Amat qui a aussi montré que les « forêts de guerre » et le désobusage ont ensuite contribué (de manière variable selon la richesse des sols et la pression du lobbie agricole) à la recomposition biogéographique et agricole de la zone rouge .
Les guerres modernes (nucléaires, biologique ou chimique notamment) peuvent générer des séquelles environnementales des guerres si graves et durables que certains proposent d'ajouter L’«écocide », en tant que « crime écologique » à la liste des crime de guerre de la convention de Genève. Une résilience complète - si elle est possible - peut en effet être délicate et longue pour l'écosystème, comme pour les individus et sociétés humaines.
Concernant la résilience sociopsychologique, le soutien psychologique aux victimes et l'aide à une justice qui fasse s'exprimer et se reconnaître les bourreaux et les victimes, par le biais de tribunaux internationaux éventuellement montrent une évolution dans la volonté et les moyens de trouver des résolutions non-violentes aux conflits (ex. : Afrique du Sud, Rwanda..). Les systèmes mafieux qui ont bénéficié d'un état de guerre, voire d'une reconstruction, parfois anarchique peuvent freiner le retour de la paix et de la justice



Bibliographie


  • Evelyne Bouteyre, La Résilience scolaire : de la maternelle à l'université, Paris : Belin. 2008.
  • ouvrage collectif, Résilience, vieillissement et maladie d'Alzheimer, Solal, 2007, (ISBN : 978-2-35327-022-4),
  • Michel Hanus, La Résilience, à quel prix ? , Éd: Maloine, 2001, (ISBN 222402729X)
  • Boris Cyrulnik :
    • Les Vilains Petits Canards, Odile Jacob, 2001 (ISBN 2738109446),
    • Un merveilleux malheur, Odile Jacob, 2002 (ISBN 2738111254),
    • Le Murmure des fantômes, Odile Jacob, 2005 (ISBN 2738116744),
    • Autobiographie d'un épouvantail, Odile Jacob, 2008 (ISBN 978-2-7381-2165-3);
  • Boris Cyrulnik et Claude Seron (dir.), La résilience ou comment renaître de sa souffrance, Fabert, coll. Penser le monde de l'enfant, 2004(ISBN 2907164805) ;
  • Bruno Humbeeck. Ed. Mols, coll " Etre et conscience / Les outils de la résilience " (livres illustrés par Maxime Berger) :
    • l'estime de soi pour aider à grandir, 2010 (ISBN 9782874021046)
    • l'humour pour aider à grandir, 2008 (ISBN 9782874021015)
  • Jacques Lecomte, Guérir de son enfance, Odile Jacob, 2004.
  • Jacques Lecomte et Stefan Vaninstensdael, Le bonheur est toujours possible. Construire la résilience, Bayard, coll. « Psychologie »(ISBN 2227137932) ;
  • Michael Rutter, L'Enfant et la résilience, « Le journal des psychologues », 162 (1998).
  • Denis Peschanski, « Résistance, résilience et opinion dans la France des années noires », Psychiatrie française, vol. XXXVI, 2/05 (Résister, Annie Gutmann dir.) (2006) 194-210. Preprint auteur en Archives ouvertes 
  • Pierre-Yves Brissiaud, La Face cachée de la résilience, Éditions Jouvence 2008 (ISBN 978-2-88353-710-1)
  • Pierre Lemarquis, Sérénade pour un cerveau musicien, Odile Jacob (sur la résilience par la musique, présenté par Boris Cyrulnik)
  • Jean-Pierre Polydor, Alzheimer, mode d'emploi, le livre des aidants, préfacé par Madeleine Chapsal, prix femina, L'esprit du temps Edition, 2009, ( ISBN, 2847951717)